Nouvelle vague de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme

29/12/2009
Communiqué
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L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), condamne la vague d’arrestations qui a frappé des dizaines de défenseurs des droits de l’Homme depuis le 28 décembre 2009, dont le journaliste Emad Baghi et Noushin Ebadi, la sœur de Shirin Ebadi, co-fondatrice du Centre des défenseurs des droits de l’Homme (DHRC) et Prix Nobel de la Paix.

Le 28 décembre 2009 à 21 heures, au lendemain des manifestations pacifiques massives d’opposition au régime iranien à Téhéran et dans les principales villes iraniennes et à leur répression sanglante par les autorités le 27 décembre, le Docteur Noushin Ebadi, professeure de médecine à l’université Azad de Téhéran et sœur de Shirin Ebadi, a été arrêtée à son domicile par quatre membres de l’agence de contre-espionnage. Au cours des deux derniers mois, Mme Noushin Ebadi, qui n’est pas une militante politique et n’appartient à aucune organisation de défense des droits de l’Homme, a reçu des menaces d’arrestation de la part d’agents du gouvernement, en représailles aux activités de défense des droits de l’Homme de Mme Shirin Ebadi.

M. Emad Baghi, lauréat 2009 du prix Martin Ennals et fondateur de la Société pour la défense des droits des prisonniers, lauréate 2005 du Prix international de la République française, a également été arrêté à son domicile le même jour dans la matinée. D’après les informations reçues, des officiers en civil se sont introduits à son domicile, ont insulté sa femme et ses filles, et sévèrement battu son beau-frère.

Les manifestations du 27 décembre ont été violemment réprimées par la police et les bassidjis habillés en civil, qui ont brutalement frappé les manifestants et ouvert le feu. A partir du 28 décembre 2009, la vague d’arrestations s’est étendue à un grand nombre de militants de la société civile iranienne. Parmi les militants arrêtés se trouvent Heshmatollah Tabarzadi, militant étudiant et ancien membre d’une ONG étudiante, Mashaollah Shamsolvaezine, porte-parole de l’association pour la défense de la liberté de la presse, Alireza Beheshti, directeur du site Internet kamaleh, Mostafa Izadi, Morteza Kasemian, Nasrin Vaziri et Keyvan Mehregan, journalistes, Mahin Fahimi, militant pour la paix, Mehdi Arabshahi, membre de l’ONG Adwar Tahkim, Mansoureh Shojaie et Haleh Sahabi, militantes des droits des femmes, Zohreh Tonkaboni, membre de l’organisation Mères pour la Paix, Baran Morteza Haji et Hassan Rasouli, respectivement secrétaire général et directeur exécutif de la Fondation culturelle, etc.

« Nous sommes toujours sans nouvelles de ces militants depuis leur arrestation. Nous sommes extrêmement inquiets et craignons pour leur intégrité physique et psychologique », a signalé Karim Lahidji, président de la Ligue iranienne pour la défense des droits de l’Homme. « Je réitère que le fait de défendre les droits de l’Homme est un droit en soi, garanti par les pactes et traités internationaux. Aussi je demande qu’un terme soit mis immédiatement au harcèlement qui vise les défenseurs des droits de l’Homme », a ajouté Eric Sottas, secrétaire général de l’OMCT. Shirin Ebadi a quant à elle rappelé : « l’unique crime commis par ma sœur est le simple fait d’être ma sœur, et son arrestation n’est rien d’autre qu’une menace politique et une tentative de pression à mon encontre. Ce dont l’Iran a besoin, c’est de l’ouverture d’un dialogue pacifique et de tolérance ».

L’Observatoire exige que les autorités iraniennes relâchent de manière immédiate et inconditionnelle tous les défenseurs des droits de l’Homme actuellement détenus en Iran et leurs familles, leur détention ne visant qu’à sanctionner leurs activités de défense des droits de l’Homme.

L’Observatoire demande également aux autorités iraniennes de se conformer en toutes circonstances aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme ainsi que de tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par l’Iran.

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