Monde arabe : quel printemps pour les femmes ?

Les femmes, aux côtés des hommes, ont été actrices des mouvements contestataires qui ont secoué le monde arabe en 2011. Avec les hommes, elles ont demandé l’avènement de sociétés démocratiques fondées sur la liberté, l’égalité, la justice et le respect des droits humains.

« Pour cet engagement en faveur de la démocratie, les femmes ont elles aussi payé le prix fort, elles doivent aujourd’hui participer pleinement à la vie politique de leur pays » , a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Nous n’aurons d’ailleurs de cesse de rappeler que la participation égale des hommes et des femmes dans toutes les sphères de la société demeure une condition essentielle à la démocratie et la justice sociale, revendiquées par l’ensemble des manifestants » , a-t-elle ajouté.

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Les révolutions et les mouvements de contestation représentent de véritables opportunités pour faire évoluer les droits des femmes dans des pays où semblait régner un ordre immuable. Mais les événements récents montrent aussi qu’il faut rester vigilant, car les femmes font face à des risques accrus de confiscation d’une révolution qui était aussi la leur.

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« Alors que tous les efforts se focalisent aujourd’hui sur la chute des régimes et le démantèlement des anciens appareils d’État, les revendications relatives aux droits des femmes ont tendance à être marginalisées. Cela nous inquiète au plus haut point » , a déclaré Sophie Bessis, Secrétaire générale adjointe de la FIDH. « L’histoire récente montre que la présence massive des femmes dans l’espace public pendant les révolutions ne leur garantit en aucun cas un rôle dans la vie politique. Nous savons que ces moments d’effervescence peuvent même conduire à un véritable recul de leurs droits » , a-t-elle poursuivi.

Si la situation des femmes varie selon les pays concernés, les menaces convergent. Les femmes sont aujourd’hui confrontées à des tentatives d’exclusion de la vie publique.

Dans les pays en transition, les femmes se trouvent d’ores et déjà marginalisées de la vie politique. En Égypte, aucune femme n’a intégré les deux Comités chargé de rédiger la nouvelle constitution. Une nouvelle loi a abrogé les dispositions législatives qui garantissaient une représentation minimum des femmes au parlement et les femmes n’ont obtenu que 2% des sièges lors des élections récentes. En Libye, le code électoral adopté par le Conseil national de transition (CNT) en janvier 2012 ne prévoit aucun quota de représentation des femmes au sein des nouvelles instances élues. Au Maroc, une loi adoptée en octobre 2011 établit un quota de seulement 15 % de femmes et en Tunisie, le nouveau gouvernement de 41 ministres nommé en décembre 2011 ne compte que 3 femmes.

« Dans ce contexte de transition, où l’on observe déjà une montée en puissance des forces conservatrices, il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures pour consacrer l’égalité entre hommes et femmes, fondement indispensable d’une société démocratique. Nous voulons alerter les gouvernements, les opinions publiques et la communauté internationale et leur adresser ce message : les droits des femmes sont une priorité qui doit être au cœur des réformes politiques » , a conclu Khadija Chérif, Secrétaire générale de la FIDH.

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