Les défenseurs des ligues membres de la FIDH emprisonnés

03/07/2013
Communiqué
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Dans le monde, des dizaines de défenseurs des droits humains sont derrière les barreaux uniquement à cause de leur engagement en faveur des libertés fondamentales. Pour les réduire au silence, les États usent de tous les moyens à leur disposition : harcèlement judiciaire, détention arbitraire, mauvais traitement et actes de torture. Dans certains pays, ils sont même assassinés.

Plusieurs sont membres du mouvement FIDH, notamment au Bahreïn, au [rouge]Bangladesh[/rouge], au Bélarus, en Iran, en Ouzbékistan, en [rouge]Syrie[/rouge], en [rouge]Thaïlande[/rouge] et en Turquie.

La FIDH se mobilise sans relâche pour obtenir leur libération, notamment au travers de son programme conjoint avec l’OMCT, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme.

Une fois arrêtés et emprisonnés, ces défenseurs sont souvent détenus dans des conditions indignes.

L’objectif des Etats : intimider les populations et renforcer un pouvoir souvent despotique.

Dans un tel contexte, défendre les droits humains devient de plus en plus difficile, voire extrêmement dangereux pour les défenseurs, leurs proches et leurs collègues.

La FIDH donc appelle à la libération immédiate et inconditionnelle des membres de son mouvement.

Retour sur les étapes qui ont menées à leurs détentions  :

  • Au BAHREÏN (anglais) :

    Nabeel Rajab, secrétaire général adjoint de la FIDH, et président du Centre des droits de l’Homme du Bahreïn (BCHR)

    Abdulhadi AlKhawaja, ancien président du BCHR
    Au Bahreïn, une dizaine de défenseurs des droits humains sont derrières les barreaux pour avoir osé s’exprimer en faveur des droits fondamentaux et de réformes démocratiques dans leur pays.

Le 16 août 2012, le secrétaire général adjoint de la FIDH, Nabeel Rajab, également président du Centre bahreini des droits de l’Homme (Bahrain Center for Human Rights-BCHR) et du Centre du Golfe des droits de l’Homme (Gulf Centre for Human Rights - GCHR), a été condamné à trois ans de prison ferme. Abdulhadi Al Khawaja, ancien directeur du BCHR ainsi qu’ancien directeur régional de Front Line, purge quant à lui une peine de prison à vie.

Le 10 août 2013, Adilur Rahman Khan, secrétaire d’Odhikar, organisation membre de la FIDH au Bangladesh, a été arrêté et incarcéré suite à la publication par Odhikar d’un rapport qui recensait la mort de 61 personnes lors de la répression d’une manifestation de militants islamistes en mai 2013.
Le 8 octobre, après trois rejets consécutifs et un recours introduit par le bureau du Procureur général, la Division de la Haute cour de la Cour suprême du Bangladesh a accordé à Adilur Rahman Khan six mois de liberté provisoire sous caution. Il a cependant fallu trois jours pour que cette décision soit suivie d’effet, en raison de la résistance manifeste du pouvoir exécutif et des autorités pénitentiaires.

Nasiruddin Elan, le directeur d’Odhikar, a quant à lui été arrêté le 6 novembre dans la même affaire. Le 24 novembre, la Division de la Haute cour de la Cour suprême du Bangladesh lui a accordé six mois de liberté provisoire sous caution, mais ce n’est que le 1er décembre qu’Elan a été effectivement relâché, en raison des mêmes résistances.

La FIDH se félicite des décisions de libération sous caution rendues par la Division de la Haute cour de la Cour suprême, mais s’inquiète de la persistance des poursuites intentées contre Adil et Elan, sur la base de la Loi sur les Technologies de l’information et de la communication.

  • Au BELARUS (anglais) :

    Ales Bialiatski, président du Centre des droits de l’Homme "Viasna" et vice-président de la FIDH

Depuis son élection à la tête du Bélarus en 1994, Alexandre Loukachenko a mis en place un régime autoritaire en restreignant les libertés d’expression, de rassemblement et d’association. La situation des droits de l’Homme au Bélarus a pris un tournant dramatique le 19 décembre 2010, lorsque les forces de police ont brutalement dispersé une manifestation de protestation contre la tenue déloyale des élections présidentielles. Ce jour a marqué le début d’une vague de répression sans précédent qui perdure encore aujourd’hui : Ales Bialiatski, président du Centre des droits de l’Homme “Viasna” et vice-président de la FIDH, a été arrêté à Minsk le 4 août 2011 et condamné à quatre ans et demi de prison sur la base d’accusations de prétendue évasion fiscale. Aujourd’hui, il est toujours derrière les barreaux.

  • En IRAN (anglais) :
    Abdolfattah Soltani, membre fondateur du DHRC et avocat des droits humains

L’Iran est l’une des plus grandes prisons au monde pour les défenseurs des droits de l’Homme. Depuis la répression de 2009, ils sont nombreux à avoir été arrêtés et jugés sur la base d’accusations fallacieuses. Les organisations des droits de l’Homme sont empêchées d’agir. Le Centre des défenseurs des droits de l’Homme (DHRC), une des deux organisations membres de la FIDH, a été contraint de fermer ses portes fin 2008, tandis que son autre organisation membre doit opérer en exil.
Dans ce contexte, des dizaines de défenseurs des droits humains se sont exilés et continuent de s’exiler. Ceux qui y restent et ne purgent pas déjà une peine de prison risquent une arrestation à tout moment.

  • En OUZBÉKISTAN (anglais) :

    Zafar Rakhimov, membre de la branche régionale Kashkadarya de la Société des droits de l’Homme d’Ouzbékistan (Human Rights Society of Uzbekistan - HRSU)

    Nasim Isakov, membre de la branche régionale Djizak de la HRSU

    Yuldosh Rasulov, membre de la branche régionale Kashkadarya de la HRSU

    Azam Formonov, Directeur de la branche régionale Sirdarya de la HRSU

    Gaybullo Jalilov, membre de la branche du district de Karshi de la HRSU

L’Ouzbékistan est le pays de la région Europe de l’est/Asie centrale qui détient le record en terme de détention arbitraire de défenseurs des droits humains. Ils purgent de longues peines de prison, le plus souvent dans des colonies pénitentiaires à régime strict. Du fait de l’état de délabrement des installations pénitentiaires et des mauvais traitements qui leur sont infligés, les défenseurs voient leur état de santé se dégrader rapidement. Les conditions de détention y sont inhumaines et dégradantes.

  • In SYRIE :

    Mazen Darwish, directeur du Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)

    Hussein Ghrer, membre du SCM

    Hani Al Zeitani, membre du SCM

Mazen Darwish a été arrêté à 14 heures le 16 février 2012 par des membres des services de renseignements aériens (Air Force Intelligence - AFI), qui ont fouillé les bureaux du SCM à Sabea Bahrat, au centre-ville de Damas, et arrêté toutes les personnes qui s’y trouvaient. Quinze autres personnes ont été arrêtées le même jour, dont les membres du SCM Hussein Ghrer et Hani Al Zeitani.

  • En [rouge]THAÏLANDE[/rouge] :

    Somyot Prueksakasemsuk, militant syndical de longue date et Rédacteur de "Voice of the Opressed" (Voice of Taksin), et également membre de la ligue Thaï membre de la FIDH, l’UCL (Union for Civil Liberties).

En Thaïlande, l’article 112 du Code Pénal (loi de lèse-majesté) interdit toute parole ou action qui « diffame, insulte ou menace le roi, la reine, l’héritier présumé, ou le régent". En vertu de cette législation rédigée en termes large et vagues, des journalistes, des militants et défenseurs des droits humains ont été confrontés à des menaces, des accusations, et des poursuites au cours des dernières années. M. Somyot Prueksakasemsuk, militant syndical de longue date et rédacteur de "Voice of the Opressed" (Voice of Taksin), et également membre de la ligue Thaï membre de la FIDH, l’UCL (Union for Civil Liberties), a été accusé de lèse-majesté pour la publication de deux articles rédigés par une personne qui aurait fait des références négatives à la monarchie. Risquant jusqu’à 30 ans de prison s’il est reconnu coupable, Somyot est détenu depuis le 30 avril 2011 tandis que sa détention a été qualifiée d’arbitraire par les Nations Unies. Le 23 janvier 2013, Somyot a été condamné par la Cour pénale de Bangkok à 10 ans de prison pour violation de la loi sur la lèse majesté, assorti d’un an d’emprisonnement avec sursis pour violation de la loi sur la presse en 2009.

  • En TURQUIE (anglais) :

    Muharrem Erbey, vice-président de l’IHD et ancien président de la section régionale de Diyarbakır

    Reşit Teymur, membre dirigeant de l’IHD, section de Siirt

Aujourd’hui, en Turquie, malgré des avancées notables en matière de droits humains au début des années 2000, ceux qui osent s’exprimer sur des questions "sensibles" sont souvent ciblés et criminalisés par les autorités. Les questions dites "sensibles" sont : la promotion d’une identité alternative (minorités ethniques et religieuses, en particulier kurdes, et minorités sexuelles) et la critique de l’État et de ses institutions (fonctionnement des institutions, y compris l’indépendance du pouvoir judiciaire, et impunité de l’État et de l’armée pour violations des droits humains). Membres d’organisations non gouvernmentales (ONG), mais aussi avocats, syndicalistes, journalistes, intellectuels et universitaires, écrivains, défenseurs du droit à l’objection de conscience, membres des familles des victimes de violations graves, etc, sont directement affectés par cette politique.
Trois cadres de l’Association des droits de l’Homme (IHD), organisation membre de la FIDH, sont en détention préventive sur la base d’une loi anti-terrorisme qui criminalise l’expression d’opinions.

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