« Les Tunisiens ont traduit en acte le premier objectif de la révolution tunisienne »

28/10/2011
Communiqué

Interview de Kamel Jendoubi, président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE)

Le débat sur le score d’Ennhadha aurait presque fait oublié que les élections en Tunisie se sont déroulées de façon remarquable, sans irrégularités majeures, et dans une atmosphère apaisée qui a étonné plus d’un observateur. Pourtant, le pari n’était pas gagné, et ce résultat est en grande partie dû au travail de fonds engagé par l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE). En dépit d’un emploi du temps extrêmement chargé, Kamel Jendoubi, son président a accepté de répondre à nos questions, et revient ici sur un scrutin historique pour la Tunisie.

Les élections se sont assez bien déroulées en terme de participation. Quel premier bilan en tirez-vous ?

Selon les éléments que nous avons concernant la préparation des élections, celles-ci se sont déroulées normalement. Il n’y a pas eu d’incidents, cela s’est passé d’une manière même assez joyeuse, dans la mesure où les citoyens ont profité de ces élections pour exprimer leur joie, peut-être leur fierté à certains égards. Et ils ont traduit en acte le premier objectif de la révolution tunisienne, à savoir engager le pays sur une voie démocratique, par des élections transparentes et pluralistes.

Selon les remontées, avez-vous constaté des différences en terme de participation, s’agissant des régions, ou des catégories sociales ?

La participation a été assez homogène à travers tout le pays. Nous n’avons pas encore de données suffisamment affinées pour ce qui concerne la répartition sociologique des votes, parce que nous avons des difficultés pour rassembler tous les éléments d’information. C’est une première expérience pour nous, donc il y a un certain nombre de décalages dont il faut tenir compte, … Mais lorsque nous aurons ces informations, nous les fournirons.


Quels sont les enseignements de cette expérience pour les scrutins à venir ?

Bien sûr, il y a beaucoup de choses que nous pouvons améliorer. Nous avons commencé au tout début du processus, à établir une liste électorale, mais elle reste encore à parfaire, à compléter. Il y a un noyau, une administration électorale, mais c’est vraiment un embryon. Ce n’est d’ailleurs pas véritablement une administration, dans le sens où vous pouvez l’entendre. Il y a un cadre juridique qui a été mis en place, mais il faut également l’améliorer. Il y a encore un certain nombre de défaillances que nous avons recensés. Et puis il y a un investissement matériel et humain qui est là, et qu’il faut certainement aussi compléter, renforcer et faire fructifier pour l’avenir de la démocratie en Tunisie. Ce qui est évident, ce qui apparaît comme un acquis, c’est que les Tunisiens admettent non seulement l’utilité de l’instance indépendante, mais aussi son rôle, sa mission de garant d’un processus électoral, quelque soit le rôle, les contingences, l’environnement politique dans lequel nous agissons.

Justement, en terme d’investissement humain, pour ce qui vous concerne personnellement : ce scrutin est-il un aboutissement ou une étape ? Que comptez-vous faire après la constituante ?

(silence, puis sourire) On va dire que c’est une étape... Après, je prends des vacances (éclat de rire).

Interview réalisée par Gaël Grilhot

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