La FIDH suit avec attention la transition démocratique en Tunisie

27/01/2011
Communiqué
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Un mois après les manifestations qui ont conduit au départ du président Zine Al-Abidine Ben Ali, la FIDH suit avec une attention particulière le processus de transition démocratique en Tunisie.

La FIDH prend acte du mandat d’arrêt international émis par la justice tunisienne contre l’ex-président Zine Al-Abidine Ben Ali ainsi que son épouse Leila Trabelsi pour "acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers" et "transferts illicites de devises à l’étranger", selon le ministre de la justice. Elle appelle la communauté internationale à apporter à la Tunisie toute la coopération judiciaire et l’assistance nécessaires pour l’exécution de ce mandat. A la demande des autorités tunisiennes, Interpol a donc lancé une alerte mondiale afin de localiser et arrêter Ben Ali et six de ses proches.

La FIDH prend également acte de la création des trois commissions par le gouvernement transitoire. En effet, elles doivent constituer une étape importante en faveur des victimes des violations graves des droits de l’Homme ainsi que pour l’édification d’institutions responsables et transparentes devant permettre l’avènement et la garantie d’une société libre et démocratique. Le développement d’un processus de justice transitionnelle, y compris l’instauration d’une commission vérité, justice et réconciliation, y contribuera certainement. La FIDH réitère son appel à la communauté internationale pour qu’elle accompagne ces efforts naissants. C’est le message qu’elle a porté à M. Vimont, Secrétaire général du nouveau service européen d’action extérieure de l’Union européenne, à Mme Pillay, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, et M. Diouf, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie. La FIDH a également porté ce message lors du 16ème sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba.

D’autre part, la FIDH s’inquiète de la situation sécuritaire qui demeure toujours fragile dans le pays. La situation dans les prisons est devenue alarmante. Selon nos informations, des tirs à balles réelles auraient entraîné la mort de nombreuses personnes dans plusieurs prisons du pays. Plusieurs familles de prisonniers ont été empêchées de leur rendre visite et de leur apporter de la nourriture. Suite à ces incidents, certains prisonniers ont pris la fuite (9500 prisonniers sont toujours en fuite). Une mutinerie dans la prison de Monastir aurait débouché sur une quarantaine de morts.

Par ailleurs, la FIDH se préocupe du champ d’application de la loi d’amnistie et espère qu’elle permetttra la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement.

De plus, plusieurs incidents ont été signalés ces derniers jours et des affrontements avec les milices de Ben Ali sont à craindre. En effet, les locaux de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) de Monastir et de Béja ont été occupés par les milices de l’ex-président Ben Ali mardi 25 janvier 2011. La FIDH est préoccupée par l’absence d’informations sur l’état des milices et des bandes de soutien au régime de Ben Ali.

Sur ces différents points, la FIDH appelle le gouvernement de transition à prendre toutes les mesures utiles et faire état publiquement des décisions prises.

Particulièrement impliquée sur le terrain par l’intermédiaire de ses trois organisations affiliées ainsi que par les élus de son Bureau international, la FIDH continue de suivre avec la plus grande attention l’évolution de la situation.

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