Iran : des élections confisquées, la FIDH et la LDDHI craignent un bain de sang

15/06/2009
Communiqué
en fr

La FIDH et la LDDHI demandent l’annulation du scrutin

Paris, le 15 juin 2009 : La FIDH et la LDDHI expriment leur plus profonde inquiétude concernant la répression en cours en Iran : plusieurs journalistes étrangers ont dû quitter le pays, les manifestations spontanées dans tout le pays pour contester le résultat officiel des élections sont réprimées dans la violence, des centaines de personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles des réformateurs, des étudiants et des défenseurs des droits de l’Homme... « Tout est prêt pour une répression sanglante à huis clos », selon Karim Lahidji, président de la LDDHI.

Le ministère de l’intérieur, qui avait la charge d’organiser les élections, avait annoncé deux semaines avant le scrutin, les chiffres suivants : près de 48 millions de votants, et plus de 57 millions de bulletins de vote imprimés par les soins du ministère. Or, le jour de l’élection, à Shiraz et Tabriz, il n’y avait plus de bulletins de vote. Dans chaque bureau de vote, il devait y avoir un représentant de chaque candidat, ce qui constituait une avancée par rapport aux élections organisées précédemment en Iran. Pourtant, à la veille du scrutin, les sms ont été bloqués dans tout le pays, les télévisions étrangères ont été brouillées. Dans tout le pays, lorsque le décompte des voix a commencé, les représentants des candidats réformateurs ont été expulsés des bureaux de vote, et n’ont donc pas pu assister au dépouillement. Enfin, alors que le Conseil des Gardiens n’avait pas encore annoncé le résultat officiel des élections, le Guide Suprême a félicité le président sortant, Ahmadinejad, pour son élection.

« Ces élections étaient déjà considérablement en deçà des normes internationales relatives à des élections libres et équitables. Mais ce dont nous sommes témoins aujourd’hui, c’est une confiscation frauduleuse des résultats : tout est fait pour donner à Ahmadinejad l’apparence d’un président plébiscité par la population iranienne », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Il s’agit pour l’oligarchie au pouvoir en Iran de conforter le président sortant, ultra conservateur et figé dans une posture d’affrontement avec l’occident », a-t-elle ajouté.

Les forces de l’ordre ont lancé une offensive contre plusieurs campus universitaires ce week-end, saccagé les dortoirs et blessé des dizaines d’étudiants ; depuis hier, les universités de Téhéran, Shiraz, Ispahan et Tabriz sont fermées. La police a annoncé aujourd’hui qu’une centaine d’étudiants ont été arrêtés. Ce matin, le porte-parole du ministère de l’intérieur a en outre annoncé que la demande d’autorisation de rassemblement déposée par le principal candidat réformateur, Mir Hossein Moussavi, a été rejetée. Il est lui-même assigné à résidence depuis le 14 juin. Il a par conséquent annulé le rassemblement et appelé la population au calme. Son quartier général de campagne a été fermé et les responsables de sa campagne ont été arrêtés.

Les manifestants ont été battus violemment par la police et les Bassijis (membres des services de renseignement) en civil, armés de chaînes et de bâtons électriques. Les forces de l’ordre ont reconnu que plus de 200 personnes ont été arrêtées à l’occasion des manifestations des deux derniers jours. Le nombre de blessés est inconnu à ce jour.

Lors des élections de 2005, l’opposition avait appelé au boycott et le taux d’abstention tournait autour de 40%, nombre d’électeurs ayant été déçus par la présidence de Khatami. Lors de ce scrutin, Ahmadinejad avait recueilli 5 millions de voix au premier tour. Lors des élections du 12 juin, la participation a été de plus de 80% des électeurs. Le président sortant prétend avoir recueilli 24 millions de voix, malgré son bilan désastreux tant sur le plan des libertés que sur le plan économique et social. Ce qui l’exonère de tenir un deuxième tour...

La FIDH et la LDDHI appellent les autorités iraniennes au calme et à l’apaisement, en autorisant les manifestations des réformateurs et en libérant les personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement. La censure des médias et les restrictions sévères à la liberté d’expression doivent être levées immédiatement.

La communauté internationale doit tout mettre en oeuvre pour qu’un terme immédiat soit mis au climat de terreur qui règne en Iran. Soutenir la société civile est un impératif incontournable aujourd’hui.

En outre, au regard des irrégularités flagrantes qui entachent ce processus électoral, la FIDH et la LDDHI appellent à l’annulation des élections présidentielles du 12 juin et à l’organisation d’un nouveau scrutin, sous observation internationale.

Lire la suite