Alors même que l’appareil législatif russe vient d’adopter des textes de loi répressifs en un temps record, la répression s’intensifie et les dirigeants de l’opposition sont sans cesse harcelés par les autorités.
Le 11 juin 2012, la police a perquisitionné les appartements de dix leaders de l’opposition accusés d’avoir organisé les « désordres massifs » du 6 mai 2012 et d’y avoir participé (article 212 du Code pénal russe). On rapporte que les domiciles des militants Ilya Yashin, Ksenia Sobchak, Sergei Udaltsov et Aleksei Navalny ont été fouillés. Les policiers ont surgi tôt le matin, armés de mitraillettes, et ont confisqué ordinateurs et téléphones. Les militants ont aussi été convoqués le 12 juin, les empêchant ainsi de participer à la Marche des Millions prévue le même jour.
En outre, le 10 juin une douzaine de jeunes militants ont été arrêtés et détenus à Moscou. Parmi eux, Alexandra Dukhanina a été assignée à résidence.
Le 8 juin, le Président Vladimir Poutine a ratifié une série d’amendements au Code administratif portant la peine maximale encourue par les organisateurs de manifestations illégales à 1 million de roubles (24 600 euros), les participants encourant, eux, des amendes pouvant atteindre 300 000 roubles (7 400 euros). Les amendements prévoient aussi d’interdire aux organisateurs qui auraient contrevenu à ces règles par le passé d’organiser de nouvelles manifestations.
« L’adoption de cette loi contre les manifestations est anticonstitutionnelle car elle est en contradiction flagrante avec l’article 31 de la Constitution russe (droit de rassemblement). Le but de ces nouveaux amendements, avec les dernières perquisitions et arrestations, est d’intimider les organisateurs de la Marche des Millions prévue le 12 juin et de dissuader la population de participer à de nouvelles manifestations » a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.
Le 6 mai, à la veille de l’inauguration du troisième mandat de Vladimir Poutine en tant que Président de la Fédération de Russie, 20 000 personnes avaient participé à des manifestations de protestation ; il y avait eu à cette occasion environ 400 arrestations et 80 blessés.
Le FIDH appelle les autorités russes à :
– libérer immédiatement tous ceux qui sont détenus pour avoir exercé leur droit de rassemblement ;
– prendre des mesures concrètes pour créer un environnement propice à la liberté d’expression en Russie et cesser d’utiliser la loi pour étouffer les critiques ; et
– respecter et protéger les libertés de rassemblement et d’expression garanties par la Constitution russe et par les normes internationales et régionales auxquelles la Fédération de Russie s’est engagée à se conformer.
Photographie de Mitya Aleshkovsky ©