IRAN : Condamnation de Mme Mansoureh Behkish à 4 ans et demi d’emprisonnement en raison de son soutien aux “Mères en deuil”

11/04/2012
Communiqué
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Paris - Genève, le 5 avril 2012. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dénonce la condamnation de la défenseure des droits de l’Homme, Mme Mansoureh Behkish, et demande qu’il soit mis fin au harcèlement judiciaire à son encontre.

Le 3 avril 2012, Mme Mansoureh Behkish, qui soutient les “Mères du parc Laleh” (les “Mères en deuil” d’Iran) [1], et qui est également connue pour sa lutte contre la peine de mort, a été informée de sa condamnation à quatre ans et demi d’emprisonnement. La section 15 du Tribunal révolutionnaire islamique, qui a jugé l’affaire le 25 décembre 2011, l’a condamnée à quatre ans d’emprisonnement pour “rassemblement et collusion afin d’attenter à la sécurité de l’État“ pour la création des “Mères en deuil” et six mois d’emprisonnement pour avoir “diffusé de la propagande contre le système“. Mme Mansoureh Behkish, qui restait libre à l’heure de publier ce communiqué, a l’intention d’interjeter appel à sa condamnation.

L’Observatoire rappelle que Mme Mansoureh Behkish avait été arrêtée le 12 juin 2011 par des agents des forces de sécurité à 20h dans une rue de Téhéran, avant d’être libérée sous caution le 9 juillet 2011. Mme Behkish avait déjà été soumise par le passé à plusieurs interrogatoires et détentions arbitraires en raison de ses activités de défense des droits de l’Homme.

En Iran, ceux qui soutiennent les “Mères en deuil” sont tout particulièrement visés par des actes de harcèlement, des arrestations et des détentions arbitraires. En novembre 2011, Mmes Jila Karamzadeh-Makvandi et Leyla Seyfollahi et M. Nader Ahsani ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement pour “rassemblement et collusion en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale“ et “propagande contre l’État”. Selon le jugement, ils auraient participé à la création d’une “organisation illégale contre la sécurité nationale, à savoir les “Mères en deuil”, en prétendant être des “défenseurs des droits de l’Homme”. Mme Jila Karamzadeh-Makvandi a été arrêtée le 27 décembre 2011 et incarcérée à la prison d’Evin pour purger sa peine ; elle y est toujours détenue à ce jour.

“Les autorités criminalisent tous ceux qui agissent en faveur des droits de l’Homme et cherchent à étouffer toute activité de défense des droits de l’Homme dans le pays", a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. “La communauté internationale doit dénoncer avec vigueur cette situation préoccupante”.

“Les autorités iraniennes font tout pour marginaliser les défenseurs des droits de l’Homme en leur imposant de lourdes peines de prison, d’exil et des interdictions d’exercer toute activité professionnelle. Les prisonniers de conscience et autres prisonniers politiques sont régulièrement soumis à des actes de torture et autres mauvais traitements, voire condamnés à la peine capitale. Tout cela est destiné à intimider la société dans son ensemble en la plaçant sous une chape de silence”, a ajouté Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.

L’Observatoire considère que la condamnation de Mme Mansoureh Behkish constitue un acte d’intimidation visant à entraver ses activités de défense des droits de l’Homme. De façon plus large, elle vise à intimider tous les défenseurs des droits de l’Homme en Iran.

Par conséquent, l’Observatoire demande instamment aux autorités iraniennes de mettre fin, immédiatement et sans conditions, au harcèlement judiciaire dont Mme Mansoureh Behkish fait l’objet, de libérer tous les défenseurs des droits de l’Homme détenus arbitrairement, et, d’une façon plus générale, de se conformer à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme et aux instruments internationaux sur les droits de l’Homme ratifiés par l’Iran.

Pour de plus amples informations veuillez contacter :
FIDH : Arthur Manet : + 33 1 43 55 25 18
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

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