Guatemala : Les Disparitions

01/10/1983
Rapport

Rapport : Mission spéciale au Guatémala pour enquéter sur les droits de l’homme et en particulier sur les disparitions forcées

Les actions ou les omissions délictueuses en matière de Droits de l’homme et des Libertés Fondamentales réalisées au couverts par les régimes guatémaltèques depuis 1954 jusqu’à aujourd’hui, de même que leur progressive augmentation, prouve l’existence d’une politique étatique fondée sur la terreur et la violence institutionnalisées pour maintenir une minorité au pouvoir et imposer une situation d’injustice et de misère à la grande majorité de la population guatémaltèque.
Monsieur Antonio Garcia Borrajo, Docteur en Droit, Juriste International, Représentant Permanent de la Fédération Internationale de Droits de l’Homme auprès du Conseil de l’Europe, Vice-Président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, Conseiller auprès de la Direction des Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe et Diplôme de l’Université de Strasbourg, France, en Droit International et Droits de l’Homme Comparés, a réalisé au mois d’octobre 1983 une mission spéciale au Guatemala destinée à enquêter sur les Droits de l’Homme et en particulier sur les Disparitions Forcées ou Involontaires.
Le résultat de sa mission -in situ- prouve de la manière la plus catégorique les violations des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales perpétrées par le Gouvernement illégitime du Général Oscar Humberto Mejia Victores contre le peuple du Guatemala. Les documents, les témoignages et les entrevues avec les hauts chefs militaires autorisent une telle affirmation. L’objectif de la mission spécial du Dr. Garcia Borrajo n’était pas de faire reconnaître aux représentants de l’État leur culpabilité, puisqu’elle est évidente, il s’agissait d’intercéder auprès des autorités pour qu’elles libèrent ou rendent les cadavres de 14 disparus, enlevés par l’Armée selon des preuves certaines.
Le Dr. Garcia Borrajo a été l’objet d’une tentative d’enlèvement et a reçu de multiples menaces de mort, à tel point qu’il a dû abandonner précipitamment le pays, sous la protection de l’Ambassade de France au Guatemala.
Le Guatemala est l’un des États qui, à l’intérieur de la Communauté Mondiale, a violé de la façon la plus ample et la plus systématique les Droits de l’Homme et les Libertés Fondamentales.
L’actuel Gouvernement du Guatemala, illégitimement présidé par le Général Mejia Victores, a poursuivi la ligne génocide des gouvernements militaires antérieurs, au travers des villages rasés et de la création de hameaux stratégiques, et a accru de manière alarmante le nombre des disparitions forcées ou involontaires, plaçant ainsi le Guatemala en tête des pays qui possèdent le plus grand nombre de disparus (plus de 35000).
De ce cruel point de vue, le Gouvernement guatémaltèque est en train de violer massivement la norme juridique internationale, selon laquelle toute personne a droit à la liberté et à la sécurité personnelle et que l’on ne peut détenir ou emprisonner personne arbitrairement, qui se trouve dans la Convention Américaine sur les Droits de l’Homme (Article 7).
La Fédération Internationale des Droits de l’Homme est la première Association Internationale des Droits de l’Homme de caractère humanitaire, crée à Paris en 1921 par un groupe d’humanistes et de démocrates français qui, quelques années auparavant, avaient constitué la Ligue Française des Droits de l’Homme, première ligue du monde en son genre, suivi ensuite de l’Espagnole, puis plus tard de la ligue Belge et Italienne. C’est une Fédération ou Confédération de Ligues Nationales composées d’associations de 41 pays. Elle est reconnue et accréditée sous le statut B auprès des Nations Unies, ainsi qu’auprès du Conseil de l’Europe.
La Commission des Droits de l’Homme du Guatemala, CDHG, fait partie de la Fédération, jouissant et ayant les mêmes droits et obligations que chacune de ses sections.
La Commission des Droits de l’Homme du Guatemala, étant donnée l’absence d’un État démocratique dans son pays, et à cause de la répression déchaînée par les militaires formant un État de fait et non de droit, se trouve en exil au Mexique.

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