Arrestation d’un défenseur des droits de l’Homme aux abords d’une base contrôlée par la junte

Paris-Genève, le 1er décembre 2009. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), exprime sa plus vive préoccupation au sujet de l’arrestation arbitraire de M. Mouktar Diallo, membre de l’Observatoire national des droits de l’Homme.

Le 26 novembre 2009, vers 16 heures, M. Mouktar Diallo, membre de l’Observatoire national des droits de l’Homme, a été arrêté par des militaires à Cosa, un quartier de la banlieue de Conakry, à environ 300 mètres du camp Alpha Yaya, au sein duquel sont localisés les services de la junte du capitaine Moussa Daddis Camara. M. Mouktar Diallo a travaillé de nombreuses années pour l’ambassade des Etats-Unis à Conakry, où il était chargé des politiques en matière de droits de l’Homme. Il a aussi travaillé comme formateur pour les militaires, avant de travailler pour l’Observatoire national des droits de l’Homme.

D’après les informations reçues, M. Diallo aurait été arrêté par des agents du ministère chargé de la lutte contre le trafic de drogue et le grand banditisme, l’institution qui serait également à l’origine de l’arrestation et la détention des neuf militants de la Fédération des associations de la jeunesse guinéenne (FAJEG) et de la Coordination des organisations de défense des droits humains (CODDH) le 28 octobre dernier (cf. communiqué de presse de l’Observatoire du 30 octobre 2009). Ces militants ont par la suite été libérés.

Au 1er décembre 2009 à 10 heures, M. Mouktar Diallo restait détenu dans le camp Alpha Yaya (selon les informations reçues, il aurait été localisé au rez-de-chaussée du premier bâtiment se situant à droite de l’entrée du camp Alpha Yaya, qui mène à l’aéroport). Aucune information n’avait cependant pu être obtenue quant à l’existence d’éventuelles charges pesant à son encontre.

L’Observatoire dénonce le caractère arbitraire de la détention de M. Mouktar Diallo, et s’inquiète de possibles mauvais traitements qui pourraient lui être prodigués. L’Observatoire rappelle que de tels actes seraient contraires à la Convention des Nations unies contre la torture ratifiée par la Guinée le 10 octobre 1989, et donc passibles de poursuites individuelles. L’Observatoire exprime en outre sa préoccupation quant à l’état de santé de M. Diallo, qui souffre de diabète et de problèmes cardiaques.

L’Observatoire demande instamment aux autorités guinéennes de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Mouktar Diallo et de procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle, du fait que sa détention ne vise manifestement qu’à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme.

Plus généralement, l’Observatoire appelle les autorités guinéennes à veiller à ce qu’un terme soit mis à toute forme de menaces et de harcèlement - y compris judiciaire - à l’encontre de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme guinéens et à se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme de 1998 et aux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Guinée.

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