Afghanistan : l’enquête sur les fraudes électorales accentue les manquements à l’état de droit

12/10/2011
Communiqué
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12 Octobre 2011 – La FIDH appelle les autorités afghanes à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour initier un dialogue constructif avec la parlementaire afghane Mme Simin Barakzai ce qui pourrait peut-être la mener à interrompre sa grève de la faim.

Mme Barakzai a commencé une grève de la faim le 2 Octobre et sa santé se dégrade gravement et rapidement. L’objet de la grève était de s’opposer à l’exclusion de neuf parlementaires, dont Mme Barakzai, par la Commission Indépendante des Élections, dix mois après que la constitution du parlement ait été entérinée, sur des accusations de fraudes qui n’ont été, jusqu’à présent, appuyées par aucune preuve. Mme Barakzai est membre du Groupe parlementaire afghan de Soutien à la Loi.

Les circonstances de cette exclusion, qui a été exécutée manu militari, doit faire l’objet d’une enquête indépendante, impartiale et crédible. Jusqu’à ce qu’une telle enquête ait produit des preuves crédibles accréditant les allégations de fraudes formulées à l’encontre des neuf parlementaires, la Commission Indépendante des Élections doit réintégrer sans délai Mme Barakzai ainsi que les huit autres députés. Les résultats d’une telle enquête devront être exposés publiquement et minutieusement étudiés et commentés par la mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).

Il est crucial que la séparation des pouvoirs entre les différentes branches du gouvernement soit respectée, car c’est la pierre angulaire de tout processus démocratique.

Il est alarmant que le gouvernement afghan ait eu recours à des pratiques extra-constitutionnelles pour éliminer des législateurs démocratiquement élus, sans preuve et au mépris total des règles de procédures. Dans un contexte où de graves violations de droits de l’Homme sont perpétrées en Afghanistan, de si flagrantes violations des principes démocratiques et des droits politiques minent encore davantage un état de droit déjà fragile et érode la confiance publique en la capacité de l’État à protéger ses propres citoyens. Mme Barakzai est une jeune femme de 30 ans dont la situation actuelle réveille de fortes craintes quant au respect des droits des femmes et de leurs libertés fondamentales aujourd’hui en Afghanistan.

La FIDH appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour assister l’Afghanistan à renforcer ses institutions et ses pratiques démocratiques, notamment en établissant au sein du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies un Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’Homme en Afghanistan.

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